Les médias audiovisuels, les historiens, les érudits, les familles de France sont entrés dans cet énorme et douloureux devoir de mémoire envers les poilus morts au combat. Pour autant, n'oublions pas les pauvres « gueules cassées » qui en revinrent... Les services d'archives, à tous les niveaux, ont incité les chercheurs à consulter leurs abondantes ressources et ont organisé des collectes de documents auprès de particuliers susceptibles d'offrir à la conservation et à la consultation publiques, toutes sortes de témoignages : correspondances, carnets personnels, mémoires, photos, etc.

La réédition d'ouvrages anciens (les grands classiques de Barbusse, Genevoix, Dorgelès, Giono, etc., les mémoires d'hommes politiques - Poincaré - ou de militaires - le commandant Reynal -, les travaux d'historiens spécialistes de la période, tel Pierre Miguel) le cède à la publication d'une foule de livres récents et d'articles. Parmi les plus intéressants, dont la proximité nous touche particulièrement, citons l'excellente recherche conduite par Mme Christiane Bouat, Le canton de Gramat 1914-1918, publiée par l'association Racines, Brive, 2014, 245 pages avec une riche iconographie. N'oublions pas non plus de lire (ou relire) le livre de Claude Duneton - son meilleur ouvrage, peut-être -, Le Monument (2004), qui fait s'entrecroiser les combattants de Lagleygeolle, leurs familles, leurs racines au village du « Midi corrézien ».

En marge des nombreux musées d'importance nationale, en général situés dans l'ancienne zone des hostilités, au niveau le plus modeste des multiples territoires organisant une manifestation mémorielle, se situent nos milliers de communes françaises, disséminant le Souvenir plus que partout ailleurs. Elles sont terres d'appartenances familiales, cellules de la proximité des défunts, ancrages des si divers monuments aux morts ... Elles ont souvent aménagé des expositions de documents, de photos, d'objets personnels, proposé des conférences, mis en place des concerts...

Avant d'évoquer un programme que notre communauté pourrait bâtir pour apporter sa pierre à l'édifice de la commémoration, souvenons-nous de la contribution des foyers de Cavagnac à « la der des ders » en rappelant les trente-trois noms de ceux qui y sont morts. Ils étaient habitants de Cavagnac et de Saint-Palavy, les deux clochers de notre commune depuis 1800. Le recensement de 1911 dénombre 650 Ames sur la commune, respectivement 414 pour Cavagnac et 236 pour Saint-Palavy. La population masculine peut être évalué à la moitié (plus de 300), mais combien d'adultes, et parmi eux combien de mobilisés ?

Les morts de Cavagnac (18 noms)

Nous respectons, pour le moment, l'ordre suivi par la plaque commémorative du monument aux morts (ordre chronologique des décès), en ajoutant quelques précisions fournies par les recherches actuellement en cours. Il y a 18 noms. Pour obtenir la classe de mobilisation, on ajoute 20 ans à la date de naissance. La plus ancienne classe mobilisée est celle de 1887 (nés en 1867 ; ils sont plus d'une dizaine a Cavagnac : E. Guary, J.-B. Jarrige, T. Leygonie, J. Martignac, G. Meyrignac, etc.). Les derniers mobilisés sont nés en 1900.

N. B. Selon un usage du pays, le second prénom est parfois le prénom usuel.

Les morts de Saint-Palavy (15 noms)

Ce tableau est éloquent. Les populations rurales forment bien dans la bataille le gros de l'infanterie (un seul artilleur, au 57e RA de Toulouse, Jean-Baptiste Meyrignac, est, selon notre actuelle documentation, tué). Les territoriaux, mobilisés âgés, ne sont pas toujours épargnés (deux morts au 131e RIT, un au 27e). Certains morts échappent, pour l'instant, aux recherches. Il faudra combler les lacunes. Grace à internet, on bénéficie pourtant en ligne de nombreux instruments d'investigation. On peut consulter, entre autres, les registres matricules : pour chaque soldat, son parcours militaire est retracé de façon synthétique. Nous avons commencé ce dépouillement. Au demeurant, pourquoi ignorer les mobilisés, les anciens combattants qui souvent durent panser, au retour, leurs blessures physiques et morales au sein de leur famille ?